Ce fut donc dans une atmosphère particulièrement propice à l’épanouissement de ses dons personnels que le jeune John Moses évolua. Inventeur précoce, son talent s’est très tôt affirmé : de fait, il n’a que vingt-trois ans lorsqu’il dépose son tout premier brevet… Début d’une longue série : au cours de sa carrière, il en déposera 128, portant sur 80 armes différentes !
Naturellement, bien avant la mort de son père, il reprend petit à petit les commandes de l’entreprise familiale – aidé en cela par son frère, Matthew. Bientôt, l’atelier Browning devient le plus important centre de réparation d’armes de l’ouest américain. Mais il y a plus, bien plus : car John Moses ne se contente pas de réparer… Débordant d’idées révolutionnaires, l’homme travaille déjà d’arrache-pied à la réalisation de certains des prototypes qui lui assureront une célébrité mondiale.
UN CERTAIN M. BROWNING
LE MILLIONIÈME PISTOLET
En 1913, Browning créa une carabine semi-automatique de calibre 22, dont il commanda immédiatement 50 000 unités pour le marché américain. La même année, il inventa également un fusil à pompe de calibre 20 dont il acheta 25 000 unités, mais que la Première Guerre mondiale empêcha de produire.
En 1907, John Moses Browning autorisa la FN à utiliser son patronyme comme marque déposée, ce qu’il n’avait jamais accordé aux grandes firmes américaines qui avaient, auparavant, commercialisé ses premières inventions. Les intérêts et les objectifs communs qui liaient sa propre famille à la société belge se trouvaient ainsi soulignés. La pleine portée de cette décision deviendrait largement perceptible au cours des décennies suivantes.
La popularité des armes développées par Browning et fabriquées par la FN allait continuer de croître au fil des ans, à la fois en Europe et en Amérique. Considérables, les ventes réalisées en témoignent – singulièrement pour ce qui touche aux pistolets.
De 1899 à 1906, le nombre de pistolets vendus atteignit les 250 000 unités. En 1908, ce chiffre fut multiplié par deux, tandis qu’en juillet 1912 le millionième pistolet était assemblé à Herstal. Cet évènement fut d’ailleurs célébré le 31 janvier 1914, lors d'une fête somptueuse à laquelle furent conviés quelque cinq cents invités du monde des affaires et de la politique, dont deux ministres d'Etat. Il va sans dire que le « Maître » – surnom affectueux que les ouvriers de la FN avaient donné à Browning – était présent en personne.
Heureusement, l’un des fils de John Moses, Val Allen Browning, prit soin d’achever le prototype du B25. Eminent spécialistes des armes et directeur des affaires de la famille, Val Allen avait clairement hérité du génie de son père.
Grâce aux efforts combinés du père et du fils, ainsi que de ceux des techniciens d'Herstal, le fusil superposé Browning B25 fut commercialisé : modèle incontesté dans le domaine de la chasse et du tir sportif, il fut produit en Belgique à 400 000 exemplaires en l’espace de 45 ans. 65% de ces derniers furent destinés au marché nord-américain.
Souvent envié, souvent copié, le B25 ne fut jamais dépassé.