LA FAMILLE BROWNING. INVENTEUR DE GÉNIE ET QUATRE GÉNÉRATIONS DE MAÎTRES ARMURIERS.

Le plus grand inventeur d'armes à feu de tous les temps naquit au cœur du Far West – loin de la vallée du Connecticut et de la ville de New Haven, berceau de la tradition armurière américaine.

Au milieu du dix-neuvième siècle, les parents de John Moses s’étaient en effet installés dans une région encore sauvage et mystérieuse, l’Utah. Son père, Jonathan Browning (1805-1879), avait été converti au mormonisme par un missionnaire : pratiquant le mariage plural, il eut trois épouses et vingt-deux enfants. Armurier habile, il tenait, à Ogden, près de Salt Lake City, un atelier de réparation qui jouissait d’une excellente réputation à l’échelle locale. D’ailleurs, Jonathan Browning était aussi un inventeur chevronné : parmi ses créations figuraient deux carabines à répétition (l’une à barillet, l’autre dotée d’un chargeur de type « harmonica »).

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Ce fut donc dans une atmosphère particulièrement propice à l’épanouissement de ses dons personnels que le jeune John Moses évolua. Inventeur précoce, son talent s’est très tôt affirmé : de fait, il n’a que vingt-trois ans lorsqu’il dépose son tout premier brevet… Début d’une longue série : au cours de sa carrière, il en déposera 128, portant sur 80 armes différentes !

Naturellement, bien avant la mort de son père, il reprend petit à petit les commandes de l’entreprise familiale – aidé en cela par son frère, Matthew. Bientôt, l’atelier Browning devient le plus important centre de réparation d’armes de l’ouest américain. Mais il y a plus, bien plus : car John Moses ne se contente pas de réparer… Débordant d’idées révolutionnaires, l’homme travaille déjà d’arrache-pied à la réalisation de certains des prototypes qui lui assureront une célébrité mondiale.

1879

UN CERTAIN M. BROWNING

Le 2 avril 1897, le Conseil d’Administration de la Fabrique Nationale (FN) décida d’envoyer son directeur commercial aux États-Unis. Hart O. Berg avait pour mission principale de s’informer des nouvelles techniques de fabrication à l’œuvre outre-Atlantique dans le domaine de la bicyclette.

Au cours de son voyage, Berg rencontra presque par hasard deux armuriers américains : il s’agissait des frères Browning. Heureuse coïncidence : John Moses, qui bénéficiait déjà d’une certaine notoriété dans son pays d'origine, venait justement de déposer un brevet pour un pistolet automatique 7,65mm de son cru... Hart O. Berg eut le nez creux, et fut d’emblée séduit par le concept. Browning proposa donc la licence de fabrication de son arme à la FN qui, par l’intercession de son président, signa le contrat – avant de lancer la production d’un pistolet appelé à devenir très rapidement un « classique ».

Ce fut là le premier acte d’une fructueuse collaboration à l’occasion de laquelle se tissèrent d’emblée, entre l’Américain et la Fabrique belge, des liens si profonds qu’ils perdurent aujourd’hui encore.

LE MILLIONIÈME PISTOLET

Pour les historiens des armes, les inventions de John M Browning se distinguent par leur abondance et leur diversité.

Ces qualités, associées à une intuition très juste des désirs des clients, présentaient des avantages considérables du point de vue professionnel. Les directeurs de la FN ne s’y trompèrent pas, qui obtinrent le droit de fabriquer la plupart des nouveautés signées Browning

Parmi celles-ci, divers modèles de pistolets, dont un calibre 9 mm (acheté en quantité impor-tante par l'armée suédoise durant l’année 1907). Au reste, un autre pistolet marqua durablement les esprits : le modèle 1910 – qui pouvait, en changeant son canon, tirer des cartouches de 7.65 comme de 9 mm.

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En 1913, Browning créa une carabine semi-automatique de calibre 22, dont il commanda immédiatement 50 000 unités pour le marché américain. La même année, il inventa également un fusil à pompe de calibre 20 dont il acheta 25 000 unités, mais que la Première Guerre mondiale empêcha de produire.

En 1907, John Moses Browning autorisa la FN à utiliser son patronyme comme marque déposée, ce qu’il n’avait jamais accordé aux grandes firmes américaines qui avaient, auparavant, commercialisé ses premières inventions. Les intérêts et les objectifs communs qui liaient sa propre famille à la société belge se trouvaient ainsi soulignés. La pleine portée de cette décision deviendrait largement perceptible au cours des décennies suivantes.

La popularité des armes développées par Browning et fabriquées par la FN allait continuer de croître au fil des ans, à la fois en Europe et en Amérique. Considérables, les ventes réalisées en témoignent – singulièrement pour ce qui touche aux pistolets.

De 1899 à 1906, le nombre de pistolets vendus atteignit les 250 000 unités. En 1908, ce chiffre fut multiplié par deux, tandis qu’en juillet 1912 le millionième pistolet était assemblé à Herstal. Cet évènement fut d’ailleurs célébré le 31 janvier 1914, lors d'une fête somptueuse à laquelle furent conviés quelque cinq cents invités du monde des affaires et de la politique, dont deux ministres d'Etat. Il va sans dire que le « Maître » – surnom affectueux que les ouvriers de la FN avaient donné à Browning – était présent en personne.

1919-1929

Lorsque la guerre prit fin, Browning retourna à Herstal où il reprit ses recherches.

Plusieurs d’entre elles aboutirent : une carabine « trombone » de calibre 22, un pistolet automatique Haute Puissance (HP) et un fusil de chasse à canons superposés. Demeuré au stade de prototype, ce dernier avait été conçu quelques années auparavant par John Moses. Il deviendrait bientôt le fameux B25, chef-d’œuvre de réputation mondiale.

En effet, Browning voulait à la fois améliorer le fonctionnement de son arme et l'adapter à une production mécanisée qui permettrait de la proposer à un prix très compétitif. Hélas, il travaillait encore sur ce fusil extraordinaire en tout point lorsque, dans son bureau de Herstal, il mourut le 26 novembre 1926. Il effectuait alors son soixante-et-unième séjour à la FN. Trois décennies de collaboration et d’amitié étaient brusquement endeuillées.

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Heureusement, l’un des fils de John Moses, Val Allen Browning, prit soin d’achever le prototype du B25. Eminent spécialistes des armes et directeur des affaires de la famille, Val Allen avait clairement hérité du génie de son père.

Grâce aux efforts combinés du père et du fils, ainsi que de ceux des techniciens d'Herstal, le fusil superposé Browning B25 fut commercialisé : modèle incontesté dans le domaine de la chasse et du tir sportif, il fut produit en Belgique à 400 000 exemplaires en l’espace de 45 ans. 65% de ces derniers furent destinés au marché nord-américain.

Souvent envié, souvent copié, le B25 ne fut jamais dépassé.

UNE VISION QUI S’EST CONCRÉTISÉE

Le B25 est entièrement fabriqué à la main en Belgique depuis 1931. Autant dire qu’il représente à lui seul le fleuron de la Collection John M. Browning.

Les maîtres armuriers de la Fabrique Nationale d’Herstal sont capables de réaliser presque n’importe quel projet de personnalisation soumis par nos clients. Il va de soi que chaque arme est intégralement assemblée, réglée, gravées et parachevée dans le respect scrupuleux des spécificités et désirs suggérés par son futur acquéreur.

NAISSANCE D'UN VÉRITABLE CHEF-D'ŒUVRE

Posséder un B25, c’est posséder une œuvre d’art. Dans les deux cas, on hérite de la vision d’un grand maître, et on jouit de son intuition hors du commun. La conception du B25 reflète la parfaite connaissance du monde de la chasse dont était doté John Moses Browning.
Chasseur lui-même, il savait qu’un plan de visée unique et une mono-détente sélective seraient préférables aux anciens systèmes. Et c’est ainsi que, mettant tout son talent d’inventeur au service des cynégètes, il chercha le moyen d’atteindre le juste équilibre, l’exacte proportion et le meilleur design.
Assurément, il y est parvenu.